Raphaël a lancé il y a quelques années Urbex Session, un site et une chaîne YouTube dédiés aux explorations urbaines. De ses périples avec sa compagne Marie dans des lieux désaffectés à travers la France et le monde, il ramène de magnifiques photos, des reportages décalés et des histoires terrifiantes.
Comment avez-vous commencé à faire de l’Urbex ?
L’idée de faire de l’Urbex est venue complètement par hasard, en Février 2013, peu inspiré pour combler une semaine de vacances avec ma compagne Marie, nous avons organisé un road trip en France parsemé d’étapes liées aux plus grands faits divers français (Auxerre pour Emile Louis, Nantes pour Xavier de Ligonnes, Dannes pour les Frères Jourdain, etc…). Une idée originale pour découvrir notre pays à travers un angle purement glauque. Manquant de lieux pour notre itinéraire, nous avons rajouté des lieux abandonnés pour parfaire le tableau. Quelques explorations qui nous auront donné le goût et l’addiction aux lieux désaffectés. Une passion qui alors nous poursuit toujours.
Pourquoi avez-vous décidé de vous mettre en scène avec des masques de lapin et des histoires romancées ?
Quand nous avons découvert que la pratique de l’Urbex était quelque chose d’assez répandue dans le monde, nous avons remarqué que beaucoup d’explorateurs avaient comme point d’orgue de faire des mises en scène avec des masques à gaz pour bien faire apparaître le côté apocalyptique de la chose. Pour le coup, on a voulu faire naturellement quelque chose de plus décalé, moins sérieux et j’ai donc choppé dans une malle à déguisement des masques de lapins. Ça aurait pu être d’autres masques, d’autres animaux mais je n’avais que ça en stock.
Pour les histoires romancées, c’est parce que je suis avant tout passionné par l’écriture, c’est quelque chose qui m’anime depuis tout petit, beaucoup plus que la photographie. Avant de pratiquer activement l’Urbex, je passais mon temps à écrire des scénarios de sketchs et de courts-métrages, d’ailleurs on peut voir sur ma chaîne Youtube des vidéos Urbex mêlant dérision et exploration.
Donc pour allier Urbex et écriture, j’ai eu l’idée d’accompagner la plupart de mes reportages photographiques de récits fictifs. Pour la plupart, ce sont des écrits macabres et d’autres de gros délires au 100ème degré qui ont toujours, à ma plus grande surprise, une crédibilité pour la plupart des lecteurs. L’intérêt également d’écrire des histoires c’est éviter de raconter le réel historique des lieux pour ne pas donner d’indications trop précises sur l’endroit, confidentialité oblige. Pour éviter d’écrire toujours la même chose, les mêmes descriptions et les mêmes poncifs à base de « La nature reprend ses droits » ou « Le temps est suspendu », je trouve que c’est moins radotant d’inventer. J’ai d’ailleurs sorti en juin dernier un roman « Putréfaction – Voyage au bout de l’immonde » qui s’inspire de quelques histoires du site. Le roman est un road trip à travers la France dans lequel le personnage principal explore des lieux abandonnés liés à des faits divers, je n’ai pas été loin pour la recherche d’inspiration.
Quelles sont les règles de base pour pratiquer l’Urbex ? Sont-elles différentes en France et à l’étranger ?
Les règles si on peut appeler ça des règles c’est avant tout un savoir vivre ordinaire, c’est à dire ne pas casser, vandaliser, voler la moindre des choses dans un lieu abandonné. Beaucoup pensent naïvement ou intentionnellement que vu que c’est abandonné, on peut tout récupérer sauf que cela appartient toujours à quelqu’un et que ça s’apparente toujours à du vol. Hormis cela, il y a peu de nuances dans la façon de pratiquer ou alimenter sa passion en fonction des pays, ce qui peut différer peut être c’est que par exemple au Japon, les Etats-Unis, les adresses sont facilement trouvables sur internet, il y a même des annuaires alors qu’en France, c’est beaucoup moins facile même s’il est à déplorer qu’il existe depuis ces dernières années des sites internet qui proposent des adresses de lieux abandonnés moyennant finance.

Quel est votre plus beau souvenir d’exploration ?
Difficile de choisir, je pourrais citer Tchernobyl, tant cela représente un peu le Graal pour tout explorateur, c’est une expérience hors norme et passionnante. Avoir la possibilité de remonter le temps, revenir au passé au cœur d’une ville et des villages encore dans leur jus est quelque chose de fabuleux. Découvrir l’ère soviétique de cette façon, c’est beaucoup plus immersif qu’un simple musée. Il y a tout de rassemblé là-bas, des cimetières de voitures, camions, bateaux, des bâtiments à perte de vue, des cinémas, une piscine et j’en passe, sans oublier bien sur la fameuse centrale nucléaire. Pour bien explorer cette zone, il faut au moins compter une semaine, étant donné que je n’ai fait qu’un jour, j’ai hâte d’y retourner.
Quels sont les lieux (en France et à l’étranger) que vous souhaiteriez explorer ?
J’aimerai profondément faire un road trip dans les pays de l’Est type Roumanie, Kosovo, Lettonie, Bulgarie, Ukraine, il y a un patrimoine abandonné qui est important et c’est parce qu’également je suis passionné par l’histoire commune de tous ces pays. Mais la réalité actuelle est tout autre, papa de trois bébés, il est difficile d’organiser des expéditions aussi lointaines. C’est d’ailleurs pour ça que je me remets à explorer activement mon département de la Gironde qui me permet de temps en temps de faire des belles découvertes, l’Urbex est partout, il faut savoir bien observer.
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